Episode 3

Ecrit de Ser Barnar

  • “Rapproche la chandelle Poldo, mes vieux yeux ne sont plus aussi perçants qu’ils le furent jadis!
  • Tout de suite ser Banar!… Vous continuez d’écrire vos mémoires?
  • Un page n’est pas sensé poser de question à celui qu’il sert Poldérick.
  • Toutes mes excuses mon seigneur je…
  • Ca ne fait rien, tu es un brave garçon. Oui je continue d’écrire les passages remarquables de mon humble et trop longue existence.”

Le gamin regarde par dessus mon épaule, probablement les caractères que je trace à la plume sont pour lui une sorte de magie.

  • “Va chercher mon repas puis fais briller mon armure. Ensuite va te coucher, nous avons une longue journée demain…”

Le gamin s’exécute mais je le rappelle avant qu’il ne quitte ma chambre:

  • “Et demande à Jek de bien vouloir monter me voir. Cette blessure à la jambe me lance affreusement.”

Où en étais-je…

Nous avons donc poursuivi les ravisseurs de dame Kaylee jusque sur les quais. La descente à travers les couloir étroits ne nous permit pas de combler le retard que nous accusions sur ceux qui nous poursuivions. 

 

La sortie sur les quais était un véritable goulot d’étranglement et nous offrions des cibles faciles pour les arbalétriers qui couvraient leurs camarades voleur d’enfant. Heureusement, mes réflexes de vétérans ne sont pas aussi rouillés que mes articulations et je pus constater que mon intronisation au poste de capitaine de la garde avait été acceptée par les hommes. Mes ordres, lors de cette petite  bataille rangée furent suivis à la lettre. 

 

Les soldats de devant firent donc un rempart de boucliers pour nous permettre à moi-même ainsi qu’au reste des fantassins d’avancer à l’abri des carreaux ennemis. Ser Waren et Jek Snow, le bâtard de notre seigneur, étaient avec moi et firent montre d’un grand courage. Ser Waren prit d’ailleurs la place d’un des soldat blessé à l’avant garde de notre frêle bataillon. 

 

Sur notre droite, nous aperçûmes le jeune seigneur Veran. Le vent fouettait sa terrible blessure à l’épaule et je craignais qu’il ne survive pas à la rencontre. Il tentait de reproduire notre formation avec ses hommes mais connut un succès moindre. 

 

Enfin, le corps à corps. Notre formation se déploya et chacun chargea un adversaire à sa portée. Jek se servit avec adresse de son arc et Ser Waren se jeta comme un force né dans la mêlée. De mon côté, je demandai à mon fidèle page de me tendre mon espadon que je dégainai avec une certaine joie.

 

 Nous mimes rapidement nos adversaires en pièces mais le temps nous manqua néanmoins. Déjà, dame Kaylee était traînée sur le pont du navire et le bâtiment prenait le large. 

 

A cet instant, mon égo connut une grande souffrance. Oubliant mon âge, je pris mon élan pour attraper le bastingage du navire avant qu’il ne soit trop loin. A quoi bon le cacher? Je ne dû mon salut qu’aux nervures ouvragées de la coque et il me fallut de longue minutes et des efforts indescriptibles pour me hisser à bord. 

 

La porte s’ouvre et Jek Snow entre dans la pièce. J’en suis soulagé. Cette maudite estafilade me brûle atrocement et le bâtard de lord Marak n’a pas son pareil pour soulager les blessures.

  • “Entre donc mon cher Jek, je m’apprêtais justement à coucher tes exploits de l’autre nuit sur le papier. A propos de cette mésaventure, pourrais-tu regarder ma jambe je te prie, ce maudit pirate m’a touché plus que je ne l’aurais souhaité!.. Voyons voyons… où en étais-je déjà… Ah! J’y suis… Me hisser à bord…”

Sur le pont le combat faisait rage. Jek et ser Waren montrèrent plus de souplesse que moi. Même ser Veran, malgré sa blessure parvint à atteindre le bois du navire ! Suis-je donc si vieux? Qu’importe, mes compagnons et quelques-uns de leurs hommes expliquèrent prestement ce qu’il en coûte d’enlever une dame Marak. J’avais lâché mon espadon au moment de m’élancer dans les airs et c’est donc à la hache que je poursuivis le combat.

 

 Nos adversaires étaient des pirates, cela ne faisait désormais plus aucun doute. L’un d’eux me toucha à la jambe, ser Waren fut blessé plus lourdement encore et bon nombre de nos hommes périrent dans l’affrontement. Ces maudits flibustiers se battaient avec l’énergie du désespoir. 

 

En quelques minutes, nous les assiégeâmes dans le château du bateau et ils se réfugièrent dans la cale avec leur prisonnière. Il nous fallu de longues minutes pour venir à bout de la massive porte en chêne. Quand la porte fut assez abîmée, ils nous arrosèrent de carreaux nous privant encore d’un valeureux soldat de la garde. Exaspéré, ser Waren défonça le reste de la porte et massacra les derniers pirates. 

 

En bas nous, attendait leur capitaine avec quatre de ses hommes. Deux d’entre eux menaçaient de leur arbalète dame Kaylee. Après des négociations infructueuses, nous décidâmes de battre en retraire et de les cantonner à la cale. Après tout, ils ne pouvaient pas aller bien loin. 

 

Je tentai de faire signe avec une torche aux deux navires alliés qui restaient statiques à quelque distance de notre position. Mes restes de l’armée ne me permirent pas de les convaincre de nous venir en aide. Mais les choses se compliquèrent lorsque nous comprimes que les courants nous déportaient vers trois autres navires, clairement hostiles ceux-là. Il nous fallait ramer mais les rames, évidemment, étaient dans la cale. 

 

Ils nous fallut donc passer à l’offensive. Par un ingénieux système de cordages et avec les arbalètes ramassées sur le pont, je fis descendre Jek Snow à tribord le long de la coque, afin qu’il abatte un des pirates de la cale via l’ouverture des rames. A bâbord, un des soldats de la famille Veran fit de même avec un de ses camarades. 

 

Ser Waren et ser Veran descendirent au plus près de nos adversaires pour profiter de la diversion. Malheureusement, les tirs furent très approximatifs, mais cela suffit au deux chevaliers. Ils firent un véritable carnage dans la cale et, grâce aux anciens dieux, dame Kaylee s’en sortit avec simplement une belle estafilade sur le bras. Le carreau d’un des pirates ne l’avait manquée que de peu. 

 

Nous nous mîmes alors à ramer. De toutes nos forces et malgré nos blessures pour ne pas tomber dans les mains des pirates. Cela suffit. De plus, trois de nos navires arrivés in extremis en renfort invitèrent les bâtiment adverses à prendre le large. 

 

Nous rentrâmes avec la dame. 

 

Cette dernière avait été empoisonnée. Jek Snow identifia la substance comme étant un abomination dont le nom m’échappe mais qui a pour effet d’endormir profondément celui ou celle qui en consomme. Un antidote permet de réveiller la victime sans aucune séquelle si elle est réveillée sous trois jours. Au-delà, elle s’enfonce dans la mort. Il nous fallait donc agir vite. Heureusement pour nous, Jek avait les connaissances nécessaires et Silvius, le maître piqueux du château savait où trouver les ingrédients. Je partis en sa compagnie et avec mon fidèle Poldérick trouver les fleurs nécessaires et la dame fut sauvée. 

 

Une fois les choses remises en ordre, nous commençâmes une enquête bien vaine. Personne n’avait entendu parler de ces pirates, personnes n’était capable de les identifier, ni de savoir d’où ils venaient ni de nous éclairer sur leurs présence dans le secteur. Tout ce que avions, c’était le fait qu’ils savaient exactement où trouver dame Kaylee et qu’ils l’avaient choisie pour seule cible de leur attaque. 

 

Pendant ces temps de recherche, nos soldats étaient revenus du village où des disparitions avaient été signalées. Nous les avions oubliés ceux-là à force d’histoire de nobles. Eux non plus n’avaient rien de probant à nous apprendre. Tout juste ramenaient-ils une liste exhaustive des enlèvements avec les lieux et les circonstances du drame. 

Nous décidâmes de nous pencher sur ce problème. Nous allions pour cela recevoir une nouvelle fois l’aide du maître piqueux du château, Silvius. Aucun de nous n’étant habitué aux vastes landes du nord, son aide fut accueillie avec joie et soulagement. Avec son concours et sa connaissance des mœurs des petites gens, nous avions plus de chance d’avancer. 

 

Peut être y aurait-il un rapport avec ces maudits pirates. Peut-être ces affaires sont elles liées. A moins qu’elles n’aient aucun rapport entre elles. Peu importe, le seigneur Lorgan Marak compte sur nous pour faire régner l’ordre sur son fief et c’est ce que nous allons faire.